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  • : Le blog de luc athimon
  • : Au cours des années, mon activité apostolique en Afrique et en France, m'a amené à travailler un certain nombre de documents. Le désir de partager avec vous et de connaître vos réactions m'a poussé à créer ce blog. Très belles photos d'Afrique ! Amitiés Luc.
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Qui Est Le Père Luc Athimon?

14 décembre 2016 3 14 /12 /décembre /2016 12:07
Photos Cameroun 1
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14 décembre 2016 3 14 /12 /décembre /2016 11:19
Photos Nord Cameroun mission Salak et Comipar(1987 à 2000)
Photos Nord Cameroun mission Salak et Comipar(1987 à 2000)
Photos Nord Cameroun mission Salak et Comipar(1987 à 2000)
Photos Nord Cameroun mission Salak et Comipar(1987 à 2000)
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13 décembre 2016 2 13 /12 /décembre /2016 22:04

Photos de Mission SALAK  (Cameroun) 1967 à 1980
Photos de Mission SALAK  (Cameroun) 1967 à 1980
Photos de Mission SALAK  (Cameroun) 1967 à 1980
Photos de Mission SALAK  (Cameroun) 1967 à 1980
Photos de Mission SALAK  (Cameroun) 1967 à 1980
Photos de Mission SALAK  (Cameroun) 1967 à 1980
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15 novembre 2015 7 15 /11 /novembre /2015 15:04

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BILAN 50 ANS DE SACERDOCE

J'ai hésité à mettre ce texte très personnel sur mon blog. 
Mais je me suis décidé, en faisant confiance, pensant que cela aiderait 
peut-être certains ...

1) Milieu d’origine et formation :

1. Merci au Seigneur de ne pas être seul : en effet j’ai des racines, j’ai grandi dans un terreau très riche (quand je pense à d’autres qui n’ont pas eu cette chance). Merci au Seigneur de m’avoir donné des parents et des aînés de valeur.

Merci de la famille que nous avons et du relai que tous assurent,

si bien que l’entente, l’affection sont plus fortes que les petites tensions qui peuvent exister.

Merci de toutes les rencontres de famille

2) Choix Personnel :

2. J’ai été éduqué dans la Foi, mais le moment est arrivé, pendant le service militaire, de me poser la question “Allais-je continuer sur ce chemin, allais-je prendre la Foi à mon compte ?“

Le soutien du milieu traditionnel n’était plus là, au contraire le milieu portait en sens inverse. Il fallait donc trouver en moi-même mes raisons de croire …

Il faut dire qu’alors l’esprit critique se répandait dans la société par rapport au monde traditionnel. Moi-même je critiquais bien des manières de faire de chrétiens. J’étais rebuté par la bigoterie, la pratique de dévotions de toutes sortes et le manque d‘amour du prochain. Pourtant la distinction entre cette “religion“ et la Foi en une personne vivante qu’est le Christ me permit de continuer. Par ailleurs j’étais lucide vis à vis de l’Eglise-institution, les positions sévères de la hiérarchie, son éloignement des pauvres étaient autant de défauts évidents pour moi. Cependant tout ce passif n’était pas suffisant pour que je lâche tout. Cela ne touchait pas le bien-fondé de son existence.

Il me fallait aller à l’essentiel. C’est alors que j’eus le réflexe de prendre un Evangile pour en faire une lecture continue, à la recherche du visage de Jésus Christ. Ma réaction fut à peu près celle de Pierre quand Jésus, en Jean 6,67-69, dit à ses disciples : “Est-ce que vous aussi, vous allez partir ?“ Pierre répond : “A qui irions-nous, Seigneur, toi seul a les paroles de la vie éternelle.“

Le poids de cette rencontre me fut confirmé, par la suite, comme source de vie et de joie.

3) La Mission :

1966-67 : 1° engagements concret, (à 30 ans) où je m’approchai des gens, au Nord Cameroun.

En 1971, la responsabilité apostolique des Guizigas me fut confiée

Commencèrent alors des visites dans les villages, la rencontre des personnes qui aboutira à des amitiés réelles. Puis vint le temps de la Première annonce de Jésus Christ? J’étais animé par le désir de poser de bons fondements ! Mon expérience de Foi personnelle, de rencontre avec Jésus Christ m'influença dans la manière de parler de Jésus.

3. Au commencement de mon engagement en Afrique, il y eut l'approche des gens et l'annonce de Jésus Christ. Par la suite, j'ai eu une autre préoccupation, celle d'élargir en une évangélisation "intégrale", donc d'oeuvrer aussi à la Promotion humaine des gens. C'est en vue de cet élargissement que je demandai l'aide d'une religieuse et de laïcs.

Cela se prolongea, en France à LYON (par l'Ecoute, à la Porte Ouverte) en 2004, puis mon engagement dans le Comité d'Intérêt de Quartier, à Encagnane (sur la Paroisse St Paul) à AIX en Provence avec l'accent mis sur le vivre-ensemble, fête des voisins etc..de 2006 à 2011. Et maintenant en 2015 à Lyon, c'est l'accueil des Migrants, à Sésame, une branche du Secours Catholique.

4)    En 1986, Curé à St Jean : (6 ans)
5)     1992 (après 25 ans d’activité pastorale, à 56 ans) : 
       Temps fort spirituel :  tournant,   ressourcement à AIX
6)    En 1993, Temps de Réveil à la COMIPAR

4. CONCLUSIONS SUR MES 36 ans en AFRIQUE :

Lors de mon voyage au Cameroun à NOËL 2011, puis dans une relecture de ce temps dans la FOI en 2014, j'ai pu prendre du recul sur ce temps au CAMEROUN. Et les paroles de Jésus, au retour de mission des 72 disciples me sont revenues en mémoire : "Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez" (Luc 10,23) Oui, "l'humanité" et la FOI que les gens ont manifestées, de différentes manières, étaient d'une grande densité ! D'ailleurs n'était-ce pas sous l'influence de Jésus Vivanr Ressuscité ? Sur le moment cela m'a touché, maids pas avec assez de profondeur. Et je n'ai qu'un regret c'est de ne pas avoir su, au moment même, apprécier la densité de ces réalités et les vivre avec plus d'intensité.

L’originalité de l’Evangélisation en Afrique, par rapport à la France :

· Il y avait un grand souci de respect de la culture dans la Pastorale, influençant jusqu’à la manière de célébrer les sacrements.

· Une grande place est donnée à la Communauté.

· L’Evangélisation comprend à la fois l’annonce de la Parole de Dieu et l’action pour le développement.

Mon expérience Africaine = échange !

Mes motivations et manières de faire ont évolué, passant de l’approche des gens pour les connaître et communiquer avec eux, à la révélation de Jésus Christ. Puis au souci de les aider humainement. / Et cela a encore évolué vers l’écoute et le partage d’une Foi source de vie et de joie. /

Me disposant, dès le début à aimer tout le monde, j’ai fini par lier amitié réelle avec de nombreuses personnes. A cause de cela, je pense, j’ai mieux apprécié ce qu’ils m’ont apporté. Et je prends plaisir à parler de leur richesse en humanité et richesse de Foi. ….

Oui j’ai appris à connaître leur vie (avec souvent les soucis de la maladie, du manque d’argent, des besoins vitaux, leurs joies d’être ensemble, leurs faiblesses). Le sacrement de réconciliation m’a fait connaître aussi les souffrances morales, leurs difficultés et courage. /

J’ai apprécié leurs grandes qualités (valeurs) d’accueil, mais aussi d’endurance, de patience, de solidarité dans le malheur, de sagesse). J’ai appris auprès d’eux l’importance des relations humaines et à mieux accueillir. J’ai appris à ne mépriser personne, à respecter tout le monde. j’ai appris une plus grande compassion (à l’exemple d’un responsable, entre autres).

Leur Foi est faite souvent de confiance en Dieu, de simplicité de coeur comme on en parle dans les Béatitudes. Ils sont pleins de reconnaissance pour la Bonne Nouvelle reçue qui a complètement renouvelée leur vie et relations. Et les nouveaux baptisés, chaque année, redonnent souffle à tout le monde, ils nous rappelle l’attirance de Dieu, la bienfaisance qu’apporte la Foi à leur société. J’ai appris l’humilité, l’admiration devant le témoignage de certains laïcs. Leur confiance dans le missionnaire m’a confirmé dans ma mission.

5. Au plan spirituel, 1992 marqua pour moi un tournant : je prêtai une plus grande attention à la Vie Spirituelle, à une relation vivante avec Dieu (non pas seulement pour penser à lui, mais pour une ‘communication‘ (l‘écouter et lui parler)

Je commençai aussi une recherche pour mieux connaître mes mouvements et maîtriser ma vie, relire ma vie dans la Foi et évoluer vers une Foi plus adulte. Tout cela contribuera, vers 2006, à mieux me décentrer de moi et à mieux aimer en m’ouvrant aux autres et à Dieu.

7) En 2002 : Bressuire
Je me rendis compte qu’en toute circonstance et en toute situation, 
la chose la plus importante c’est d’AIMER. 
Ce fut le contenu de bien des méditations !

8) En 2006, En Paroisse à AIX : sous le signe de la “FRATERNITE“

9) En 2012 à LUMIERE
Je visai à accomplir mon « devoir d’état » consciencieusement.. 
Avec intensité j’aspirai et demandai à Dieu d’éveiller en moi 
des CAPACITES D’AIMER les personnes, la vie, Dieu 
(quand on aime, on sent Dieu présent !) 
J’ai fait la relecture de mon « expérience africaine » : 
joies apostoliques : je rends grâce à Dieu, reconnaissant 
les traces de son action dans la Foi des gens.

10) En 2015 à TRION

6. Actuellement je suis sensible à l’approfondissement de ma vie spirituelle par l’attention à la densité de la réalité, à l‘intensité d’accueil et d’engagement et à la vigilance ! (dans des méditations régulières)

Actuellement, j’essaie de mieux “écouter“… J’essaie d’aider les gens je me rends compte que les gens ont des problèmes, ont besoin, entre autres, d’être éclairés, pacifiés humainement et spirituellement. (car souvent inquiets, dispersés, culpabilisés, agités, découragés…)

ACCUEILLIR, ECOUTER, PACIFIER

C O N C L U S I O N S

  • Je rends grâce au Seigneur de m’avoir rendu disponible pour divers engagements.
  • Merci de m’avoir donné de faire de belles expériences.
  • Merci aussi de m’avoir donné ce réflexe de faire des bilans.
  • Merci, par la lecture de vie dans la Foi, de me donner sa lumière pour découvrir sa main, des traces de son action dans mon parcours.
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25 septembre 2015 5 25 /09 /septembre /2015 09:19

ENTRETIENS  SUR  PÂQUES

(donnés à la radio   7x7mn.)

 

N°1 : OU TROUVONS-NOUS LA SOLIDITÉ POUR NOTRE FOI EN JÉSUS    RESSUSCITÉ =   3 éléments viennent étayer notre Foi en Jésus Ressuscité !

N°2 : COMMENT LA CONVERGENCE, L'ARTICULATION DES  3 éléments essentiels  DONNE DE LA SOLIDITÉ A NOTRE FOI EN JÉSUS RESSUSCITÉ (suite)                                           "Articulation" des 3 éléments étayant notre Foi en Jésus Ressuscité !

N°3 : PEDAGOGIE DE JESUS RESSUSCITE, transition entre Pâques et la Pentecôte (50 jours) :  Les apparitions du Ressuscité

N°4 : FOI JOYEUSE DES NOUVEAUX BAPTISÉS ADULTES,                                                EXPRESSION DE L'ACTION DE JESUS RESSUSCITE

N°5 : JÉSUS RESSUSCITÉ RENCONTRÉ SUR LE CHEMIN DE LA MISSION,                 SOURCE DE LA JOIE APOSTOLIQUE

N°6 JOIES APOSTOLIQUES                                                                                                           ou JÉSUS RESSUSCITÉ RENCONTRÉ SUR LE CHEMIN DE LA MISSION (suite)

N°7 : DENSITÉ DU MYSTERE DE PÂQUES

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N°1 : SOLIDITÉ DE NOTRE FOI EN JÉSUS RESSUSCITÉ

3 éléments viennent étayer notre Foi en Jésus Ressuscité !

1) C’est l’histoire : D’abord ce que nous savons maintenant, par notre science historique : Jésus a vraiment tenu une place considérable dans l’histoire. Cette histoire nous parle du caractère exceptionnel de la personnalité de Jésus et de son lien avec Dieu. Oui, il s’est montré exceptionnel  par ses paroles, ses actes, son comportement. Il a marqué l’histoire car il a été suivi en cela par toute une lignée d’étonnantes figures d’humanité (De St Paul à St Augustin, de St Irénée, François d’Assise et Thérèse d’Avila, Charles de Foucault et Thérèse de l’Enfant Jésus, Jean 23 et Martin Luther King, mère Térésa, Frère Roger etc…)

2) C’est aussi l’expérience des croyants, dont nous faisons partie : Cette expérience de paix, de vie, de joie, de lumière, qui résultent dans nos propres vies de la référence active que nous pouvons nous-mêmes faire à Jésus, De même que les premiers disciples ont suivi Jésus parce qu’ils ont estimé qu’il détenait pour eux « les paroles de la vie éternelle » (Jn 6,68) ; de même, si nous, les chrétiens d’aujourd’hui, nous attachons à Jésus, c’est parce qu’il nous intéresse et nous « parle », parce qu’il nous apporte ce que nous pouvons reconnaître comme le sens de notre vie. Ici on pourrait multiplier les témoignages…comme celui de St Paul : « Pour moi, la vie, c"est le Christ » Ph 1,21 etc… A travers tous les témoignages, Jésus Christ apparaît – n’est-ce pas frappant – comme une source de vie, comme une lumière et une force pour la vie… La Voie, La Vérité et la Vie. Autrement dit : nous chrétiens, nous expérimentons que notre vie trouve son sens dès lors que nous nous mettons à vivre selon Jésus. Voilà ce que signifie pour nous « croire en Jésus Christ »….Faire cette expérience intime a pour nous une grande importance : c’est cela qui établi un lien quotidien avec le Seigneur actuellement ! .

3) Mais ce qui nous conduit à croire en sa résurrection., c’est une autre donnée encore, hors de laquelle une telle foi n’aurait jamais existé : le témoignage des Apôtres. (Luc 24,19-21). Ils ont été complètement transformés ! A cause des « apparitions » de Jésus Ressuscité ! Quelque chose d’inexplicable leur arrivait, dont ils n’avaient aucunement l’initiative, mais qui leur « advenait », qui venait à leur rencontre. Aujourd’hui nous sommes appelés à la confiance dans le témoignage de ces hommes qui n’étaient ni des naïfs, ni des menteurs, comme en témoignent les textes. En conclusion l’articulation entre ce que nous connaissons de l’histoire, notre expérience personnelle de croyant et notre confiance dans le témoignage des apôtres, voilà les fondements de notre Foi en la Résurrection de Jésus !

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N°2 : SOLIDITÉ DE NOTRE FOI EN JÉSUS RESSUSCITÉ (suite)

Articulation des 3 éléments étayant notre Foi en Jésus Ressuscité !

La semaine dernière nous avons conclu ainsi la réflexion sur la Résurrection : Ce que nous connaissons de l’histoire, notre expérience personnelle et notre confiance dans le témoignage des apôtres, voilà les fondements de notre Foi en la Résurrection de Jésus ! »

Parlons maintenant de l'articulation entre ces 3 éléments. Qu’entendre par « articulation » ? Il s’agit de ne pas séparer ces 3 piliers, mais de les mettre en relations les uns avec les autres, pour en découvrir la cohérence. Ainsi l’existence, la présence de Chrétiens, depuis Jésus, partout dans le monde (2), attire l’attention sur celui qu’ils suivent. Et alors, après en avoir pris connaissance, on découvre, de fait, un homme exceptionnel, un prophète (1)! Pour nous chrétiens, nous trouvons dans l’Evangile, la réaction des foules impressionnées, nous dit le texte, par les paroles et les actes de Jésus ; nous trouvons la réaction de foi de Pierre ; et aussi celle du centurion Romain en voyant comment Jésus meurt ! La découverte du caractère « exceptionnel » de la personnalité de Jésus (1), sa grande liberté peuvent nous ouvrir au témoignage des apôtres (3) à propos de la Résurrection. Notre propre expérience, le constat que nous faisons de ce qui est suscité en nous, quand nous nous référons à Jésus (2) (ou bien à l’expérience des autres chrétiens) nous aide à comprendre ce qu’ont vécu les Apôtres (3) et à croire à leur témoignage. Le témoignage des apôtres sur la Résurrection de Jésus (3) nous aide à mettre un nom, à voir la portée de cette expérience de force, de lumière, de paix, de joie etc.. que nous ressentons, quand nous nous mettons en relation avec Jésus ! (2)

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N°3 : LA CINQUANTAINE PASCALE (7 x 7 = 49 + 1)

transition entre Pâques et la Pentecôte : Les apparitions du Ressuscité

Le Christ apparaît, mais …on ne le reconnaît pas ! Les yeux de la chair ne suffisent plus à le reconnaître. On le voit mais on ne le reconnaît pas. Il faut un regard illuminé par la Foi. Sa présence ne se manifeste qu’à ceux dont l’âme s’élève vers lui, grâce à une sorte d’accommodation. Il s’agit d’apprendre à le reconnaître présent et caché. Entre le regard charnel et cette présence du Christ glorieux, il y a une sorte d’ECRAN, pas matériel mais spirituel. L’obstacle c’est une certaine mentalité, une incompréhension du dessein de Dieu, toute une conception du monde, d’un monde dans lequel le Christ est mort. (« Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? » Luc 24,5).

Voyons Marie-Madeleine : elle cherche Jésus, mais parmi les morts. Jésus se présente à elle, elle le prend pour le gardien des morts, alors qu’il est le premier des vivants. Cependant l’amour pour Jésus en sa condition terrestre la prépare à reconnaître Jésus en sa gloire. Jean 20,13-15. Alors UN MOT, UN APPEL : « Marie ! » l’ élève au plan des desseins de Dieu. Elle le RECONNAÎT !

Pour les disciples d’Emmaüs (Luc 24,13-32), l’obstacle c’est qu’ils n’ont pas compris le dessein de Dieu, ils ont en tête le projet d’un Messie politique ! Là encore le Seigneur intervient, il leur explique les Ecritures …(sur la manière de sauver de Jésus + sur le genre de libération qu’il est venu apporter + sur le genre de vie qu’il est venu apporter ) « ILS COMPRENNENT ». Alors il ne reste plus à Jésus qu’à leur faire « UN SIGNE »: c’est, au cours d’un repas avec eux, le partage du pain. Là les yeux de leur Foi s’ouvrent ! Il est là ! Ainsi Jésus, non seulement leur parle, mais « fait signe », le signe de la Cène pour qu'Ils le « RECONNAISSENT » Et ils sont TRANSFORMES : relisent leur parcours; ils sont comblés; joyeux; ils repartent vers le groupe des apôtres pour partager leur foi.

Oui les apparitions de Jésus à ses disciples étaient nécessaires ... pour donner aux Apôtres et à tous la certitude de la résurrection et aider à la Reconnaissance Elles visent aussi à initier aussi les apôtres à des rapports nouveaux avec lui, à une intimité « spirituelle » (donc valeur pédagogique).  Jésus parle, leur ouvre l’intelligence. Comment ? Il explique, donne le sens des évènements en recourant à l’Ecriture, la Parole de Dieu, car ils se sont trompés sur tout : sur la manière de sauver de Jésus è la souffrance « rédemptrice » et fructueuse du Serviteur Souffrant Cette manière de sauver c’est le témoignage de la vérité, le respect de notre liberté et un amour allant jusqu’à la mort, plus fort que la mort. Une souffrance "rédemptrice", habitée par le pardon et l'espérance malgré l'impression d'être abandonné de Dieu : attitude du Serviteur Souffrant annoncée en Isaïe. Dieu savait ce qui allait arriver. Jésus lui-même « savait », il est resté Maître des événements. Il a accepté sa mort, il a offert sa vie par amour de Dieu et de ses frères, pour les sauver. Le mystère pascal : « Ne fallait-il pas que le Messie souffrit tout cela, pour entrer dans sa gloire ? » Cette Parole rappelle aux disciples une Parole que Jésus leur avait dite à l’avance : « Il faut que le Messie souffre, soit mis à mort, mais le troisième jour il ressuscitera ! » Ils avaient oublié ... C’est le sens de la souffrance du Messie. un amour plus fort que la mort, voilà la manière que Dieu a choisi pour les sauver. Ainsi, même avec la mort de Jésus, on ne peut pas douter de la force de Dieu, de sa volonté de sauver. Pas échec : maintenant Dieu l’a ressuscité. sur le genre de libération qu’il est venu apporter Ce genre de libération c’est la libération de tout péché et de tout mal, pour tous. Ils comprennent maintenant qu’être libérés des Romains par la force, libération politique comme ils l’attendaient, n’était pas dans la pensée de Dieu ni de Jésus. Le chemin de Dieu est différent. La libération apportée par Jésus est la libération d’un mal bien plus grand que la soumission aux Romains. Alors leur intelligence est « purifiée », ils changent leur manière de penser : sur le genre de vie qu’il est venu apporter une vie nouvelle de ressuscité, une vie éternelle, la vie de Dieu lui-même.

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N°4 : JOIE DES NOUVEAUX BAPTISÉS ADULTES

Le Seigneur, actuellement , accorde un nouveau bienfait à l’Eglise de France : c’est l’augmentation étonnante de BAPTEMES D’ADULTES ! (près de 4000 en 2015) Ces Baptêmes d’adulte nous attirent l'attention sur un certain nombre de valeurs évangéliques de base dont nous devons toujours nous émerveiller !

1) le désir, un désir qui sous-tend tout le temps de l’Initiation qui est vécue comme un temps « intéressant ». C’est le désir de connaître, de rencontrer le Seigneur Jésus.

2) Et il aboutit à la reconnaissance de l’action du Seigneur en soi, sur la durée, de sa force transformatrice dans notre propre vie !

3) La préparation donne de faire l’expérience d’une progression, dans la mesure où on se dispose avec humilité et générosité.

4) Et souvent la personne qui se prépare n’est pas seule, mais elle peut, avec joie, partager ses découvertes avec d’autres qui prennent le même chemin, démarche toujours à poursuivre

5) C’est aussi le temps de l’éveil à l’Eglise. D’abord il y a le guide, le berger de l’initiation, également des accompagnateurs (trices) et des parrains, marraines qui soutiennent. C’est la découverte d’une communauté fraternelle, vivante, réelle. En un mot, les gens, en marche vers le Baptême, font l’expérience des biens reçus de l’Eglise comme d’une mère. Ils se découvrent capables d’accueillir humblement et fructueusement cette influence.

6) Ces personnes s’attachent à la Parole de Dieu, expliquée, comprise, méditée, goûtée, comme à la principale nourriture de leur Foi.

7) Ils (elles) apprécient les Célébrations liturgiques, surtout l’Eucharistie du Dimanche, où la Communauté exprime sa joie, sa louange, sa foi, sa prière. Là on se sent faire partie d’un peuple.

Voilà ce que des adultes, conscients, libres et ouverts, en marche vers le Baptême, découvrent. Et cela s’épanouit au Baptême (toute leur personne en est saisie. C'est une expérience de plénitude qui les remplit de joie !). Le passage se fait, ils (elles) savent qu’il s’agit maintenant de « vivre » avec ses frères et sœurs, envoyés à leur tour près des autres. Ils (elles) vont s’engager, partager cette énergie pascale reçue. J’écris cela en ayant côtoyé (y compris en France) bien des adultes qui ont fait cette expérience. La fraîcheur de la découverte de tout ce qui constitue notre Foi ne peut-il pas nous renouveler, nous « vieux chrétiens », baptisés étant enfants ?

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N°5 : JOIES APOSTOLIQUES

ou JÉSUS RESSUSCITÉ RENCONTRÉ SUR LE CHEMIN DE LA MISSION

Dans l'Evangile Jésus dit aux 72 disciples, enthousiastes à leur retour de Mission : « Heureux êtes-vous d'avoir vu ce que vous avez vu .. d'avoir entendu ce que vous avez entendu » Et bien après 36 ans en Mission au Nord-Cameroun, je puis dire que j'ai eu l'expérience de l'accomplissement de cette béatitude dans ma vie et celle des chrétiens de là-bas ! Et JE DIS MERCI au Seigneur, aujourd'hui. J’ai eu et j'ai encore la grande chance (la grâce), dans ma vie apostolique, d’être témoin de la Foi des gens, de leur humanité, et de l'action de Jésus Ressuscité en eux ! Oui on peut parler de la « Joie de l'Evangile », comme dit le pape François :

1) Ma joie, comme missionnaire, fut de voir des communautés vivantes et joyeuses : Les voyageurs venant en Afrique, s'ils participent à la Messe ou à une Fête chrétienne (par exemple à Noël) sont frappées de la joie, de la vie des célébrations. Nous-mêmes missionnaires, pourtant habitués ne cessons de nous en émerveiller. "La communauté c'est ma mère" disait une femme Asta Marie, secourue dans une difficulté. Ce n'est pas un cas isolé, car les chrétiens vivent vraiment en communauté et en prennent les moyens. Ainsi, à la suite de la Messe, régulièrement les gens font une réunion pour reprendre la Parole de Dieu et son actualisation par le prêtre mais aussi pour traiter de la vie de leur communauté : ils parlent des deuils, donnent les nouvelles des malades, les visites à faire, les aides à prévoir … ou les personnes à envoyer chez tel couple qui ne marche pas pour les conseiller ...tel travers à redresser dans la vie au village... telle fête à organiser en se répartissant les tâches. Vivant ainsi, ils apprennent à mieux se connaître et des amitiés se nouent entre certains chrétiens. De telles communautés ont une forte puissance d'attraction et ne cesse de grandir ! Comment ne pas y voir les traces de l'action de l'Esprit et s'en réjouir.

2) Ma joie, comme missionnaire, fut aussi de constater la foi expressive des gens : comme à une veillée pascale à Maroua, vers 1988 «Je me souviens, entre autre, d'une veillée pascale où 80 à 100 personnes adultes et jeunes, hommes et femmes, furent baptisés ensemble. La célébration avait lieu dans une aire sacrée, bien aménagée. Une piscine baptismale avait été creusée et remplie d'eau. Chaque candidat y descendait pour le Baptême, écoutait les paroles prononcées sur lui par le prêtre avec le geste à l'appui, et en sortait, très impressionnés, tandis que la foule chantait, accompagnée par le tam-tam. Puis les nouveaux baptisés partaient dans la nuit, accompagnés par leurs parrains et marraines. Ils allaient changer de vêtement. Ensuite, c'était la procession de tous ces baptisés, hommes et femmes, vêtus de blanc, pour recevoir les rites complémentaires, prendre place au milieu de l'assemblée qui s'exprimait par un chant de joie, d'action de grâce. Grandiose ! Et, tous les ans, la même « expérience sacrée » se répétait ! Toutes les missions ont connu ces moments forts. » Si vous aviez vu les visages  des nouveaux baptisés : des visages saisis par le Mystère du sacrement à certains moments, et illuminés de joie à d'autres. En donnant la communion également je suis toujours admiratif devant les visages et les attitudes de prière émouvantes. Et encore quelle humilité et confiance quand ils se présentent au sacrement de Réconciliation.

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N°6 : JOIES APOSTOLIQUES

ou JÉSUS RESSUSCITÉ RENCONTRÉ SUR LE CHEMIN DE LA MISSION (suite)

3) Ma joie, comme missionnaire, fut encore de connaître la force transformatrice de la Foi  grâce, entre autres, aux confidences reçues : Comment ne pas être admiratifs en voyant des responsables comme Bernard Oumsarale, courageux et rempli de sollicitude pour ses frères, donnant de son temps sans compter. J'ai assisté à la croissance à la fois humaine et comme croyants de ces responsables, hommes ou femmes : ils ont acquis, au cours du temps, une stature humaine et chrétienne reconnue ! Ce sont d'abord eux les vrais « pères fondateurs des missions » Des chrétiens touchés par les difficultés de la vie ont une conduite exemplaire : tel Sanda Marcel, tailleur sur le marché, il retrouve quelquefois sa femme en pleurs à la maison. En effet ils n'ont pas pu avoir d'enfants et ils en sont profondément affectés comme tout Africain dans cette situation. Alors Marcel la console comme il peut, ils prient ensemble. Quel courage, qui vient d'une grande foi. Alors qu'habituellement, dans ces cas, la femme va chercher un autre mari, l'homme prend une deuxième femme, eux résistent .. Des chrétiens touchés par les difficultés de la vie, qui cherchent et qui trouvent leur force dans la Foi et y retrouve la joie de vivre, il y en a bien d'autres. (par exemples : quand il y a un manque de nourriture ou d'argent, quand le mari boit, quand les enfants tournent mal ….) Confiants dans le prêtre, les malades, au cours de visites, lui font des confidences, ils aiment parler de leur vie, qu'ils ont vécues souvent avec courage et sagesse dans les épreuves. Ils parlent de leur famille où ils vivent quelquefois l'épreuve de la division ou de l’abandon de la Foi par les enfants, mais aussi où règne l'affection.

4) Ma joie, comme missionnaire, fut de constater l'influence de la Foi dans les réalités de la vie des chrétiens au village : Des chrétiens fonctionnaires montrent l'exemple par leur droiture (telles Nuntiata qui travaille aux Finances. C'elle elle qui a été choisie pour tenir la caisse, on a confiance en son honnêteté. C'est aussi à cause de son dévouement qu'Awa Martine s'est vue confier des responsabilités dans la Santé. Ignace Mbouzao, diacre, en a témoigné devant des laïcs missionnaires venus de France : Ignace, un des diacres nous disait : "Une chose me gêne et gêne les chrétiens de ma communauté. Dans notre mission, il y a un couple de laïcs très proches de nous, très engagés. Mais le dimanche, alors que nous tous sommes en train de célébrer l'Eucharistie, nous les voyons se promener tout près, montrant que cela ne les concerne pas ! Comment des gens qui sont avec nous toute la semaine se mettent-ils à part justement au moment le plus fort de notre rassemblement. Dans notre coutume aussi bien que dans ce que nous vivons comme chrétiens, nous ne pouvons pas comprendre". Alors, pour eux, Jésus c'est usé ! Chez nous, au contraire, Jésus nous a tout apporté : la liberté (avant, nous avions peur des esprits et interdits, des ennemis, des sorciers) , l'ouverture (avant, c'était le tribalisme, les conflits, nous avons appris le pardon et la paix), l'amour entre frères, le progrès, la connaissance de l'amour de Dieu !" ....

Oui, le Seigneur Jésus Ressuscité est à l'action au Cameroun, mais aussi alentour de nous. Sachons le "reconnaître", nous en réjouir et en rendre grâce ! . (comme St Paul qui reconnaissait le "Corps" Vivant du Christ dans la vitalité des communautés)  

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N°7 : DENSITÉ DE PÂQUES

"Pâques" a apporté une nouveauté très dense que nous sommes invités à inventorier !

1) Pâques a provoqué les apôtres à une relecture de la vie de Jésus : du sens de sa mort mais aussi de sa vie publique, ce qu'ils n'avaient pas perçu sur le moment mais qui leur revenait en mémoire (tous "les signes" qu'il avait donné qu'en lui était la Vie : les miracles physiques et spirituels)

2) Pâques = fut une nouvelle révélation sur l'identité de Jésus. Dans les apparitions, les apôtres découvrent Jésus "Seigneur", "Maïtre de Vie" et pas seulement le Messie ! Autrement dit ce qui fait vraiment son identité c'est sa relation filiale au Père. .. (ils se souviennent des moments intenses où Jésus priait)

3) Jésus Ressuscité = Cela veut dire Vivant, plus "libre" que jamais, aujourd'hui. Il peut venir vers nous, agir aujourd'hui, se faire reconnaître.

4) Jésus Ressuscité peut me donner la Vie (et pas seulement témoigner de son amour comme à la croix)

5) Depuis la Résurrection, le Seigneur m'attire ... (quand je serai élevé j'attirerai tous les hommes à moi" Nous pouvons faire l'expérience qu'il nous influence, est attirant pour nous.

6) En relisant notre vie, dans la foi, nous pouvons découvrir qu'il est la source de notre vie spirituelle, il nous accompagne, qu'il nous a fait cheminer, grâce à son Esprit de Ressuscité.

7) Même, à certains moments, on peut parler d'expérience de communication, de dialogue (il nous parle, nous l'écoutons – nous lui parlons, il nous écoute ! )

Sachons nous émerveiller, nous ouvrir à cette Nouvelle Vie et rendre grâce au Seigneur !

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29 avril 2015 3 29 /04 /avril /2015 11:02

S O U V E N I R S   P I T T O R E S Q U E S   D U   C A M E R O U N

Nord Cameroun entre 1967 et 2003 par Luc Athimon

Introduction

Lorsqu'on découvre l'Afrique pour la première fois et qu'on prend le temps de la rencontre, au cœur de la vie locale, on est immédiatement frappé par la joie de vivre des gens. Ils vivent pourtant dans des conditions matérielles difficiles. Ce constat nous incite à la réflexion et même parfois à une vraie remise en cause. Pourquoi semblent-ils échapper à la morosité ambiante et apparaître paradoxalement plus heureux que nous? Quelle est la source de leur bonheur ? Leur manière de savoir partager des joies toutes simples est probablement un début de réponse à ces questions existentielles ! Les missionnaires ont vécu de nombreuses années au cœur des villages, dans une vraie proximité avec les habitants. Ce partage des petites aventures du quotidien est sans doute en partie à l'origine de leurs propres rires et de leur légendaire bonne humeur. On ne sort en effet pas indemne de ces longues périodes d'immersion et de partage dans un pays ou le « vivre-ensemble » n'est pas une aspiration, mais une réalité. C'est pour vous faire goûter à cette ambiance que j'ai entrepris de relater quelques unes des histoires vécues au cours de 36 années de séjour dans le Nord-Cameroun : les péripéties en saison des pluies ou en saison sèche, mon étonnement en découvrant les coutumes locales, les mésaventures des missionnaires eux-mêmes, sans oublier la manière « pimentée » dont se fait la rencontre des gens avec le monde moderne.

L E S    D E P L A C E M E N T S

Saison des pluies au Nord Cameroun : boues, ornières et traversées à la nage

S'il existe quelques routes bitumées, les pistes en terre sont les plus répandues et posent de graves problèmes car leur état peut se détériorer rapidement. Rouler sur la boue, c'est un peu comme rouler sur le verglas, cela nécessite beaucoup de doigté. Insensiblement, mais inexorablement, votre véhicule peut glisser vers le fossé et, malgré vos manoeuvres, vous aurez du mal à reprendre le "droit chemin". Près des bourbiers, vous trouvez parfois des enfants qui, au lieu d'aller à l'école et dans un élan de gentillesse, c'est du moins ce que vous croyez, vous proposent leur service. Un peu de méfiance ne vous ferait pas de mal. Ils vont vous proposer de passer, par exemple, sur la droite, et c'est justement là que vous avez toute chance de rester planté. Vous leur faites alors un signe de remerciement et c'est en fonçant que vous vous enfoncez ! Les garçons accourent et se proposent de pousser, tout en ayant soin de négocier le montant du coup de main. Vous sachant pris au piège, ils n'hésitent pas à mettre la barre assez haute. Vous n'avez d'autre choix que de passer par leurs exigences, et, une fois sorti, de tenir parole, sinon au prochain passage, vous ne trouverez personne pour vous aider. De telles mésaventures sont monnaie courante ! Autre écueil, l'approche d'un passage inondé. Premier geste, évaluer la profondeur. Ne vous fiez pas à votre jugement, mais descendez de voiture pour aller vous y tremper les pieds. Bien des gens qui se croyaient malins ont eu des déconvenues ! Plus grave, il arrive d'entendre un grondement. Vous pouvez déjà vous dire que vous n'irez pas plus loin. En effet, une rivière d'ordinaire bien calme se met à rouler de grandes eaux impressionnantes. Le radier (*) est submergé depuis longtemps. Les voitures sont à l'arrêt, des gens observent, impressionnés. Si la rivière commence à gonfler, certains vont se presser à traverser, relevant leurs vêtements pour ne pas les tremper. Mais bientôt la montée des eaux est telle qu'arrive le moment où vous avez de l'eau jusqu'à la ceinture ... et là, il y a moins de téméraires pour tenter la traversée, surtout si le courant est fort. Un jour pourtant , j'ai vu un colosse traverser une rivière. Avec de l'eau jusqu'à la poitrine, il portait une mobylette à bout de bras, devant des spectateurs admiratifs. Mais cet exploit n'est pas à la portée du premier venu! Il m'est arrivé pour rejoindre un village, de laisser ma voiture sur la riveet de traverser une rivière assez large. Il y avait alors peu d'eau. En cours de cathéchèse avec les villageois, deux d'entre eux m'avertirent que les eaux étaient en train de monter. Mais les femmes préparaient le repas du soir et tenaient absolument à ce que je partage le dîner avant de repartir. On entendait déjà le grondement des eaux de la rivière. La nuit tombait. On s'approcha pour constater rapidement que la traversée allait poser quelques problèmes. "Ne crains rien, nous allons t'aider à passer, nous avons l'habitude", me dirent mes deux acolytes. Je leur fis confiance mais nous avions de l'eau jusqu'à la poitrine, et le courant était violent. Sans leur soutien - ils me tenaient par les bras - j'aurais renoncé. Sentir que les pieds vous abandonnent, poussés par le flot, ne met pas forcément à l'aise ! Avec patience, nous avancions. Enfin arrivés mees compagnons me saluèrent rapidement pour faire demi-tour et regagner leur village. Moi, j'avais retrouvé ma voiture, j'étais sauvé. Un autre soir, à la fin d'une visite dans un village, on entendit le tonnerre, puis très vite la pluie se mit à tomber. Je savais que je trouverais en rentrant un endroit marécageux infranchissable par temps pluvieux . "Tu as le temps" me disaient les amis qui insistaient pour que j'attende que le repas soit prêt. J'aurais du faire confiance à ma première intuition car c'est sous une pluie battante que j'atteignis le marécage. Mon appréhension était justifiée. Je m'y embourbai bien profondément. Dans ce coin isolé, personne pour m'aider. Il n'y avait plus qu'une solution, fermer la voiture et la laisser sur place. Je partis à pied vers un village, un peu plus éloigné. En arrivant, tous les habitants étaient déjà enfermés chez eux et sans doute endormis. Je me dirigeai vers la case d'un ami, qui se trouvait être le frère de la femme qui m'avait fait attendre pour partager le dîner. A mon appel, il ouvrit; j'étais grelottant. Symbole de son hospitalité, il m'offrit son propre lit et sa couverture, pour aller s'allonger sur sa natte. Beau souvenir d'une nuit blanche ! Parti célébrer la messe dans un village à quelques 25 kms de la mission, la route n'était pas très engageante. La pluie était tombée la nuit précédente et le "potopot" (*) me ralentissait sérieusement. Arrivé à proximité du village, la rivière était en crue. Les premières cases étaient juste de l'autre côté. Des nageurs avaient traversé, dont le catéchiste ravi de m'accueillir. Il était d'autant plus désolé de voir mon hésitation que les chrétiens s'étaient réunis nombreux. - "Tu ne sais pas nager ?" - "Si ! Mais la traversée me paraît bien dangereuse !" - "Ne t'inquiète pas, arbres et branchages ne circulent plus. Bien sûr il y a un fort courant, on est déporté, mais ça va" ! Dans une grande calebasse il mit la valise chapelle et ma chemise. Et nous voilà partis, l'eau boueuse était tiède et le courant nous rendait un peu euphorique. Je n'avais pas peur et j'étais tellement fier de cette performance ! La communauté qui m'attendait sur la rive m'accueillit avec joie, s'exprimant dans des youyous. Le retour fut plus facile, car la décrue était bien avancée. Il arrive parfois que des gens trop téméraires soient victimes de ces eaux bouillonnantes. Ainsi, à Kouyapé, un sous-préfet arrivait par la route. A l'approche d'une rivière en crue, le chauffeur s'arrêta. Irrité, le sous-préfet lui dit : - "Qu'est-ce que tu attends pour traverser ? Tu as peur ?" - "Regardez le fort courant, la voiture ne tiendra pas ! - " Donne-moi le volant, tu vas voir !" Décidé, il engagea la voiture ... mais à peine arrivé à mi-chemin de l'autre rive, la Land-Rover se renversa dans la rivière. Par chance, un tronc d'arbre arrêta le véhicule, ce qui évita une noyade assurée. Ce sous-préfet fut la risée de tout le monde, y compris de ses collègues qui l'appréciaient peu, car il se croyait plus malin que les autres. Tous se frappaient les cuisses, en rigolant ! Autre escapade pour rejoindre un village, j'avais quitté la piste, pris un sentier assez large, en voiture, et j'étais passé par une plateforme assez grande. En gardant le cap, c'était un raccourci intéressant. Le temps était couvert, mais, rien d'inhabituel à cette saison. Pendant la discussion avec les villageois , le vent se leva puis s'amplifia très vite. Une vraie tornade montait avec une forte pluie. Il me fallut saluer tout le monde et partir précipitament car le tonnerre grondait. J'étais en R4 et m'approchais de la piste. L'eau coulait déjà à flots dans le fossé. Allais-je pouvoir passer? A une cinquantaine de mètres, le niveau de l'eau montait dangereusement, ce qui renforçait mon inquiétude. Alors que le ciel s'était assombri, sur la plateforme, je fus soudain exposé à une lumière intense, fruit d'éclairs successifs, des vrais flashes, le tout sous un grondement continu. Impressionnant ! Allais-je être électrocuté ? "N'aie pas peur, ta voiture est bien fermée, elle fait cage de Faraday" me dis-je en me remémorant des souvenirs lointains de cours de physique. Je donnai un grand élan à ma voiture qui traversa le fossé en provoquant une belle gerbe d'eau. Puis je franchis la rivière dans la foulée et poussai un grand ouf de soulagement en regagnant la terre ferme. Plus ancienne, l'histoire survenue tout au début en 1946 lorsque les premiers missionnaires étaient remontés de Douala jusque dans le Nord. On était en fin de saison sèche, mais il y avait encore pas mal d'eau dans les rivières. Sur la piste, Monseigneur Plumey, le chef de la délégation suivait dans une petite voiture une file de camions. Arrivés à une rivière étroite et encastrée, le dernier camion passe dans l'eau sans problème. Et le Père Plumey -il n'était pas encore évêque-, s'engage à sa suite sans hésiter, très décidé, mais un peu naïf. Au bout de quelques mètres, teuf...teuf... teuf... moteur noyé! Ses compagnons se chargèrent, en rigolant, de le sortir de cette mauvaise passe , puis de démonter le nécessaire pour tout nettoyer... et enfin pouvoir repartir. L'homme en fut tout penaud et continua la route avec plus de sagesse. (*) Radier : plate-forme maçonnée qui permet de franchir une rivière sur un support stable. (*) Potopot ou poto-poto : synonyme de boue ou de gadoue; ce nom, d'origine Lingala - une des langues de l'actuel Zaïre-est utilisé dans de nombreux pays d'Afrique.

Saison sèche : crevaisons, sorties de route et rencontres insolites

Les coups de vent fréquents soulèvent la poussière qui envahit tout le paysage, et pénètre jusque dans les cases. Autre méfait du vent, il ramène des buissons d'épines sur la route, des épines bien solides et acérées qui viennent des clôtures des champs ou de la brousse. L'aventure arrivée à François en est l'illustration. On le vit un jour rentrer à la Mission totalement effondré. Il avait eu 7 crevaisons successives. 7 fois il avait dû sortir le treuil, démonter les roues, chercher les démonte-pneus, sortir la chambre à air, trouver les trous, coller les rustines, gonfler et remonter la roue... pour enfin repartir. 7 fois de suite, autant dire qu'à l'arrivée, il n'y avait plus de bonhomme. Une bonne bière fraîche réparatrice et l'écoute attentive de ses collègues lui remonta le moral ! En début de saison sèche, à la tombée de la nuit, je revenais d'un village. Un moment d'inattention suffit pour que les roues se plantent dans des ornières durcies. Même à l'allure modeste d'une R4, cela fait un drôle d'effet de se sentir téléguidé. La voiture fit une brusque sortie de route et termina sa course dans la brousse voisine après quelques tonneaux. Elle finit par s'immobiliser sur le toît, moteur arrêté. Immédiatement je repérai le voyant rouge du contact et l'éteignit pour éviter l'incendie. Il fallait sortir au plus vite. Exercice pas trop difficile, car la vitre avant était brisée et je sentais l'air frais. Après m'être relevé, un bref inventaire me permit de constater que je n'avais rien de cassé, juste une égratignure à l'arcade sourcillière. J'étais à proximité d'un village et j'entendis un homme visiblement imprégné d'une bonne dose de bière venir vers moi en chantant. Je l'appelai dans sa langue mais son temps de réaction fut naturellement un peu long. Lorqu'il vit me vit près de la voiture renversée, il finit par comprendre la situation et s'approcha pour me palper et me demander si je n'avais pas mal. Dégrisé, il appela des villageois qui accoururent et remirent la voiture sur pied. Evidemment elle avait du mal et je procédai à une remise en état sommaire. Le moteur fonctionnait ainsi que les phares, mais avec toutefois des orientations fantaisistes. Les portières tenaient fermées tant bien que mal, mais il fallut tenir celle du côté chauffeur pour éviter qu'elle ne s'ouvre en grand. On remit la voiture sur la piste et je réussis à rentrer lentement à la maison. A mon retour, mes compagnons de la mission jouaient aux cartes. "Tu arrives bien tard !" , me dirent-ils en choeur. Mais en me regardant, ils comprirent assez vite qu'il y avait eu quelque chose d'anormal. Le groupe fit alors une inspection détaillée de l'état de la pauvre R4 et, une nouvelle fois, le partage d'une bonne bière bien fraîche remonta le moral des troupes! La tôle ondulée sur les routes occasionne bien des mésaventures. Au début de mon séjour, circulant en 2 CV, je connus une belle frayeur. On l'apprend très vite, lorsque se forme de la tôle ondulée, il faut trouver le bon rythme, 80 km/h environ. Au dessous, vous êtes secoués comme un prunier. Au dessus, la sortie de piste vous menace. Roulant à la bonne vitesse, j'aperçus au loin un âne qui commençait à traverser la route. Je m'efforçai de ne pas ralentir, pensant que l'animal avait tout le temps de passer. Mais, fidèle à sa réputation, l'âne avait décidé de se planter au milieu de la route et de n'en pas bouger. Coup de frein un peu brusque, mais sur la tôle ondulée cette manoeuvre eut un effet désastreux. Ralentissant un peu, j' arrivai sur l'âne. Ma voiture l'enfourcha, il vint jusqu'à heurter le pare-brise. De lui-même, il se déroula pour retomber sur ses pieds et se mit sur le côté me jetant un regard mauvais avant de reprendre son chemin ! C'est dans ce type de situation qu'on apprécie la 2 CV dont on peut redresser la tôle tordue assez facilement et remettre bien des pièces en place. Une nouvelle fois, mais au ralenti bien entendu, je pus rentrer à la maison. Plus cocasse encore, l'histoire de Jean Colson. Il roulait le soir sur une piste de latérite et aperçut, assez loin devant lui, un nuage de poussière. "Encore un camion qu'il va falloir doubler", pensa t'il sur l'instant. Le fait qu'il n'avait pas de feu rouge à l'arrière n'étonna pas Jean tellement c'était fréquent . En s'approchant, il alluma ses phares au cas où quelqu'un viendrait en face. La route était assez large pour doubler, il accéléra. Mais ce fut ...le postérieur d'un éléphant qu'il rencontra. Le pachyderme s'assit sur son capot puis continua tranquillement son chemin. Incroyable mais vrai, il n'avait rien. Jean Colson,plutôt petit de taille s'était frotté a beaucoup plus gros que lui ! La visite de la voiture endommagée au garage de Pala attisa la curiosité de nombreux habitants et on peut imaginer qu'elle nourrit par la suite de nombreux récits dans la région.

L A   V I E   D E S   T R O U P E A U X

J'ai toujours impressionné par le spectacle de la traversée des rivières par des troupeaux de vaches. Guidé par leur meuglement, je vois les vaches s'approcher du bord, un peu nerveuses. Pour la plupart d'entre elles, ce n'est pourtant pas la première traversée. Mais de petits veaux montrent des signes d'inquiétude. Leurs mères les encouragent, les poussent en avant, aidées par les compagnes, si bien qu'ils arrivent dans l'eau quasiment portés. Très excités, ils se débattent, mais voyant qu'ils ne sombrent pas et qu'en agitant les pattes, ils peuvent avancer, leur peur s'atténue... une vraie découverte ! Le troupeau avance à la suite des plus anciennes.... les têtes relevées. Il faut dire que ces vaches sont munies de grandes cornes. Pour certaines espèces se sont même de véritables flotteurs. Ces troupeaux de vaches "se baladent" à travers la nature. A la saison des pluies, il y a des conflits permanents entre les éleveurs et les agriculteurs. Normalement elles trouvent de quoi se nourrir en brousse. Mais malheureusement, il n'est pas rare que, sur leur parcours, les vaches sortent de la route pour aller dévaster les champs cultivés, même si les éleveurs font tout pour l'éviter et si les agriculteurs entourent souvent leurs cultures de haies d'épines ! C'est la période où les vaches "se remplument" et la bosse qu'elles portent sur le dos reprend consistance. La longue saison sèche les a épuisées et leur maigreur, à ce moment-la, fait pitié à voir. Certaines bêtes tombent malades ou meurent. A cette période, on voit de très grands troupeaux précédés et suivis par plusieurs bergers (pas des enfants, mais des hommes). Les animaux ont des problèmes non seulement de nourriture, mais également d'eau. A la fin de l'après-midi, les bergers les dirigent vers une rivière. Un jour je vis des vaches humer l'air et partir au galop, dans un nuage de poussière, suivies avec retard par leurs bergers. Elles couraient en direction d'une rivière asséchée depuis plusieurs mois, mais où subsistait une mare d'eau suffisante. Oubliant leur fatigue, leur soif et la perspective de trouver de l'eau les avaient soudain "propulsées" en avant !

U S   E T   C O U T U M E S :

U N E   S O U R C E   P E R M A N E N T E   D' É T O N N E M E N T

Les veillées mortuaires : une leçon de sagesse

C'est au début de mon séjour que je participai à une veillée mortuaire. Le premier soir, les femmes étaient d'un côté entourant la femme etles enfants en deuil, tandis que dans un autre coin de la cour les hommes étaient assis autour celui qui venait de perdre son père. Amis et connaissances venaient saluer la famille en deuil, les uns après les autres. Les femmes arrivaient en pleurant bruyamment, déclanchant les pleurs de toutes les autres. Puis le silence revenait. Des calebasses de bière étaient à la disposition des visiteurs. Jusque-là, pas de surprise pour moi. Mais le deuxième jour, je fus intrigué et même scandalisé par l'attitude d'un homme. Il avait entrepris de raconter une histoire avec l'objectif évident d'amuser la galerie. "Quelle maladresse me disai-je! Ma surprise fut d'autant plus grande que, dans la foulée, j'entendis un deuxième, puis un troisième lui emboîter le pas. C'est un responsable que je connaissais bien, qui me permit de surmonter cette incompréhension en me révélant le sens de cette démarche qui m'avait complètement échappé. « Ne crois pas que ces gens soient des gens maladroits. C'est notre coutume. Ces histoires sont connues de l'homme en deuil, et même il était impliqué dedans. Il y a danger, quand on vient de perdre un proche. On risque de se renfermer sur son chagrin, et cela peut avoir de graves conséquences. Alors ces histoires sont notre manière de faire diversion, de l'aider à penser à autre chose, à reprendre goût à la vie." Cette première expérience m'a appris à reconnaître qu'il y avait entre nous un écart culturel, et qu'il ne fallait surtout pas juger les gens selon l'apparence. Il y avait un sens à leur conduite et je devais avoir l'humilité de leur demander de me l'enseigner. N'étaient-ils pas plus sages que je le pensais au premier abord?

Mariage : une femme, ça se mérite...

Lors d'un mariage, je fus dérouté par l'attitude de la fiancée. Je connaissais bien les futurs époux et le garçon m'avait même demandé de l'accompagner plusieurs fois chez la jeune fille, dans sa famille. Je savais qu'ils s'aimaient. C'est pourquoi je fus très surpris, le soir où, accompagnée par des amies, elle devait aller habiter chez son nouveau mari. En cours de route et à plusieurs reprises, elle s'assit par terre, refusant d'avancer. Je les vis discuter avant qu'elle ne se décide à se lever et reprendre la route. M'étais-je trompé ? La forçait-on? L'explication me fut donnée : elle ne refusait pas d'aller chez son mari, mais il était de coutume de marquer une certaine résistance « pour que le mari la mérite » et le prouve en faisant des cadeaux

Vie de famille : comment montrer qu'on s'aime

A la Mission, nous avons organisé de nombreuses réunions sur la vie de famille. A la question : « Que peut-on faire en famille pour montrer qu'on s'aime ? », voici les réponses les plus fréquentes : 1- L'homme doit faire son travail … et la femme le sien. Et ils doivent s'entr'aider. 2- La femme « accueille » bien son mari, ses enfants, les hôtes. Le mari, lui, « apporte » quelque chose en revenant du marché ou de voyage. 3- Ils prennent soin ensemble des enfants. 4- Normalement, ils passent du temps à parler ensemble. Le mari évite de sortir tous les soirs et la femme ne s'endort pas trop vite. 5- En cas de fatigue, de maladie, on prend soin les uns des autres. 6- On fait la prière le soir en famille. 7- Pour les problèmes d'argent, nous essayons de ne pas avoir la mauvaise habitude de nous cacher les choses, mais de tout partager 8- Pour les sorties, mari et femme doivent normalement se dire où ils vont. Et ils rentrent tôt du marché en évitant de trop boire. 9- Comme il nous arrive de nous "échauffer" entre nous, nous prévoyons des moments de réconciliation. 10- Enfin, le mari veille à accueillir les parents de sa femme aussi bien que les siens. La femme, de son côté a la même attitude.  On ne peut pas dire qu'en famille ces préceptes soient toujours respectés, mais il était important pour les gens de se donner ces lignes de conduite..

Le marché : un lieu d'échanges, haut en couleurs

Chaque semaine, tout village qui se respecte a un marché. Quel jour ? Cela dépend mais le principe est que les villages voisins évitent de faire le marché le même jour, pour permettre à ceux qui le souhaitent de prendre le temps de « faire le tour des marchés ». C'est toujours un lieu attrayant. On y trouve beaucoup de choses : vêtements, chaussures, articles de toilette, bijoux, outils, nécessaire pour vélo, torches, piles, cordes, nattes, parapluies mais aussi denrées de toutes sortes. On y échange les habits de tous les jours pour en prendre de plus beaux. Un espace est dédié à la vente d'animaux : poulets, chèvres, moutons et même vaches dans les plus gros marchés. En chemin vers le marché, qui n'a pas rencontré des cyclistes avec des grappes de poulets attachés guidon? La plupart des commerçants sont d'ethnie Peule. Ils se déplacent de marché en marché. Autre coin très fréquenté, celui où on trouve les femmes avec leurs bourmas (*) de bière. Personnellement, je ne m'interdis pas d'y aller, tout en restant vigilant, car tout le monde n'est pas raisonnable. On y rencontre de francs soulards qui vous collent aux baskets. Au fil des ans, j'ai fini par être très connu. Normalement la consommation n'est pas gratuite. La première gorgée, c'est pour goûter, mais là s'arrête la générosité. Les femmes n'ont pas beaucoup d'argent personnel et c'est pour elles un moyen d'en gagner un peu. Si je voulais, je rentrerais à la maison bien saoûl, car toutes désirent que je fasse honneur à leur fabrication. C'est probablement par gentillesse, mais c'est dangereux de répondre à toutes les sollicitations. Je fréquente ce coin, quitte me faire traiter de soulard, car là je suis sûr de trouver des gens que je cherche à rencontrer. Le marché est aussi et surtout, un lieu de rencontres. On y croise les parents et les amis , à l'improviste ou en ayant fixé le rendez-vous. On y entend bien des langues, car c'est vrai mélange ethnique. Aller au marché le matin ou y aller l'après-midi, ce n'est pas la même chose. Il y a une forme de progression. A mesure que le temps passe, les esprits s'échauffent en raison d'une consommation excessive de bière, les voix et les rires s'amplifient. Il arrive parfois qu'il y ait des bagarres … sans que cela aille trop loin, car l'entourage se charge de calmer les esprits. Mais il s'agit de ne pas trop traîner le soir ! (*) Bourma

La danse, le jour de fête ou de Funérailles

C'est toujours en saison sèche, car le temps des gros travaux est fini et le beau temps est assuré.Le jeu de tam tam n'est pas banal et certains joueurs sont de vrais artistes. Il y en a deux que je me régale à écouter. Leur souplesse du poignet et de la main me frappe chaque fois que je les salue. Il leur arrive parfois de se droguer et ils ont une tendance à forcer sur l'alcool. Avant de commencer à jouer, on approche la tête du tam-tam d'un brasier pour chauffer la peau qui doit être bien tendue pour avoir une bonne sonorité. Le joueur monte sur un petit tabouret, pour maitriser le tamtam qui, mis debout, atteint une bonne taille . C'est utile également pour dominer les joueurs. Admirez le jeu de mains de l'artiste, c'est fascinant. Il joue sur le côté de son instrument, puis au centre, et encore dans d'autres positions A chaque fois, il en sort un son différent. Et surtout écoutez ! Non seulement le son mais les différents rythmes évoluent. Le répertoire entraîne des danses différentes. Un vrai régal ! On distingue les bons joueurs des amateurs mais, évidemment, il faut plusieurs années pour être sensible à la richesse du jeu. J'ai participé plusieurs fois à la danse chez les Guizigas. Au centre, les hommes tournent autour du tam tam, tandis que les femmes forment un deuxième cercle. Certains rythmes sont faciles à prendre. Par contre, lorsque les danseurs s'arrêtent d'avancer pour se mettre à se trémousser sur place, d'une façon particulière, je me sens bien maladroit, amusant ceux qui m'entourent. Mais il ne faut pas avoir peur du ridicule ! Bien que connaissant la langue, je suis obligé de me faire traduire les paroles qui accompagnent la danse. Il arrive qu'elles soient différentes dans la bouche des hommes et des femmes. Parfois elles se répondent. Les hommes se moquent des femmes ou les critiquent. Elles leur répondent par des moqueries . Et tout le monde est content et rit en coeur.

M É S A V E N T U R E S   D E S   M I S S I O N N A I R E S...  

Certains ont des prédispositions à fournir des thèmes d'histoires , soit en raison de leur taille , d'autres parce qu'ils sont très distraits, vifs d'esprit ou encore aptes à répondre du tac au tac à des moqueries ou à des critiques. D'autres histoires ne sont pas liées aux personnages eux-mêmes, mais des mésaventures qui leur sont arrivées.

Monseigneur Plumey, prêtait à la plaisanterie, parce qu'il avait un style « grand Seigneur » et qu'il était sensible aux marques de déférence qui lui étaient adressées. C'est pour cette raison que les autorités musulmanes l'appréciaient , car c'était bien en accord avec leur culture ! Mais comme c'était un homme très humble et simple, en définitive, et très proche de ses confrères, de nombreuses histoires circulent sur son compte.

Lors d'une prédication, et en l'absence d'interprète, ce fut le père de la mission qui donna la traduction. Il fit un sermon parallèle, au contenu complètement différent des propos de l'Evêque. Culotté, il se permettait de mettre dans sa bouche des remontrances aux paroissiens dont il déplorait le laiser-aller. Est-ce le ton de l'interprète ou la manière dont les gens réagissaient qui, un moment mit la puce à l'oreille  de l'Evêque? « Vous traduisez vraiment ce que je dis ?». Et le père de répondre avec un grand aplomb : « Bien sûr ! Monseigneur ! » Quelques années plus tard, ce père devint Evêque auxiliaire de Monseigneur Plumey.

Un jour de Pentecôte, Monseigneur prêchant sur la venue de l'Esprit dit : « Il souffla comme un vent de tornade ! » Entendant ce mot, le Catéchiste traduisit : « Monseigneur dit que la tornade vient, mais je crois qu'il se trompe ! » Il faut dire qu'on était en pleine saison sèche.

Dans une autre homélie, Monseigneur dit : « Jésus nous dit qu'il faut s'aimer » ce que l'interprète traduisit par : « Jésus nous dit qu'il faut semer ! " Et il ajouta " Je ne comprends pas, ce n'est pas le moment ! »

A la fin d'un entretien, Monseigneur, voulant sans doute que les gens participent et réagissent à ses propos, posa la question : « Si quelqu'un a quelque chose à demander, qu'il n'hésite pas ! » Une femme se leva et dirigeant le doigt vers un régime de banane, fixé dans la salle derrière l'orateur, dit : « Je veux la banane. » Evidemment le pauvre Evêque ne s'attendait pas à cette réaction. Combien de fois, entre nous, faisant allusion à cette histoire, n'avons-nous pas dit : « Je veux la banane ! »

Alors qu'il parlait à des fidèles, la fenêtre de la salle était ouverte et donnait sur un pré où un paysan avait mis son âne à paître. Voulant concurrencer le discours de l'Evêque, l'âne entreprit de se manifester et se mit à braire bruyamment et de manière prolongée… Monseigneur avec beaucoup d'autorité, mais aussi beaucoup d'esprit, lança à l'adresse de l'âne : « Je t'en prie, débrais ! »

  Des Européens venaient d'achever la construction d'un restaurant, dans un gros village, au pays des Falis. Ils cherchaient en vain l'inspiration pour lui donner un nom attrayant.Monseigneur eut l'idée  lumineuse  de leur suggérer « Les Falis-Bergères » comme nom d'enseigne. Sa proposition fut ausitôt adoptée.

Dernière histoire un peu salée . Monseigneur cherchait un secrétaire, parmi les pères. Léon Cannelle apprit qu'il était pressenti pour cette fonction, mais il n'en voulait absolument pas. Sachant que Monseigneur était un homme distingué, il fit tout pour essayer de le dissuader de le choisir. Redoublant de grossièreté, il se mit à « péter » bruyamment en sa présence. Pensant que cela ne suffisait pas, il poursuivit sur le même registre. Alors qu'un jour, Monseigneur racontait des histoires qui amusaient son auditoire, Léon, restait de marbre, au point que l'Evêque le remarqua et lui demanda : « Père, vous ne trouvez pas ces histoires drôles. » Et Léon de répondre : « Non, Monseigneur, je ne trouve pas ce qu'il y a de dégueulasse là dedans ! » Ce fut terminé.

Comme "on ne prête qu'aux riches", cette anecdote concerne une nouvelle fois Mgr Plumey. Se rendant à Poli par une piste en assez mauvais état, il fit une sortie de route, en raison d'une vitesse excessive, et s'en sortit avec de nombreuses contusions. Lui qui déjà se tenait bien droit fut contraint de porter une minerve, ce qui lui donnait une allure plus raide encore. De petits malins dirent qu'il allait jusqu'à "dormir avec sa Minerve". Quelle irrévérence !

"Le p'tit Gaudin" Arrivant à la nuit tombante à Bidzar, il trouve le père responsable de la Mission qui, avant de terminer sa réunion, l'invite à entrer à la maison et à s'installer . Le p'tit Gaudin le rassure : "Ne t'inquiète pas, je n'ai pas pris le temps de prier, pendant mon voyage, je vais me recueillir devant "le saint sacrement"... Revenant de sa réunion, le confrère a la grande surprise de le trouver, dans l'obscurité, en adoration devant le frigidaire dont il avait pris la petite lampe pour celle du "saint sacrement".

Marcel Dalverny : Sa réputation de grand distrait lui vaut une belle série d'histoires. Jo qui vivait avec lui, le trouva un matin en train de bourrer avec du Nescafé une pipe qu'il essayait d'allumer avec un tube de nivaquine, en guise de briquet. Dans la même veine, lui demandant pourquoi il triturait les boutons du réchaud, Marcel lui répond "Je cherche radio France, mais je ne trouve pas !" Le nez sous le capot de sa voiture, Marcel tenait dans la main gauche la clé à pipe et dans la droite sa pipe à fumer avec laquelle il essayait de dévisser un boulon ! Retour du marché de Maroua, une vraie corvée pour lui, il arrête sa voiture et en sort en soufflant comme un bœuf. Il prend le carton de pommes de terre qu'il vient d'acheter, le dépose par terre derrière la voiture. Il remonte dans son véhicule, enclenche la marche arrière et ... écrase son carton ! Il arrive que "la réalité dépasse la fiction".

Jean Rochon. Dans les Missions "de brousse", c'est-à-dire dans des villages ruraux, les constructions n'étaient pas d'un grand confort. Dans celle de Jean, les WC se trouvaient dans la cabane au fond du jardin, avec tout de même un "trône" pour s'asseoir, à l'instar de ce qu'ont connu nos grands parents. Jean s'y installe, la cigarette au bec. Négligemment, il glisse son mégot dans la fosse, ce qui déclenche immédiatement une explosion. C'est à mobylette avec « le feu au derrière », au sens propre du terme, qu'il rejoint le dispensaire pour soigner ses brûlures. Des gens, dignes de foi, m'ont rapporté cette histoire qui illustre les aléas de la vie à la campagne !.

T R A N S P O R T S  : D E S   U S A G E S   B I E N   P A R T I C U L I E R S

Les cars  :

Depuis de nombreuses années, de petits cars assurent les liaisons entre les villes du pays. Rien à voir avec les véhicules que l'on connaît en France. Appelés parfois « 22 places », ils attendent leurs passagers dans l'ambiance animée des gares routières. Pas d'horaires précis...on ne démarre lorsqu'on a fait le plein ! Le chargement s'affranchit des règles élémentaires de sécurité. Il n'y a aucun interdit. Tant que l'on peut monter...on monte et à chaque station, on tasse encore un peu plus les voyageurs. Les bagages volumineux sont hissés sur le toit où l'on trouve pêle-mêle sacs de mil, ballots de tissus mais également chèvres et moutons. L'ensemble peut atteindre des hauteurs qui rendent l'équilibre du véhicule un peu précaire. Le chauffeur n'oublie jamais de glisser quelques billets dans les papiers du véhicule ; C'est le sauf-conduit qui permettra de se libérer des gendarmes qui ne manqueront pas de relever de nombreuses infractions : surcharge, freins défectueux, feux qui n'éclairent plus, etc. Pour être juste, on constate une amélioration de la qualité du service au fil du temps. « Dieu seul peut », « S'en fout la mort », tous les véhicules portent des inscriptions au-dessus du pare-brise ou à l'arrière, sur les portes. Alors qu'il roulait à vive allure sous l'enseigne « L'amour de la nature », l'un d'eux , victime d'une sortie de route finit sa course en « embrassant un arbre ». Un autre portait à l'arrière, sur une double porte, l'inscription «  A la sueur du cultivateur » . Devinez ce qu'une coupure malencontreuse de l'expression permettait de lire lorsque seule la partie gauche de la porte était fermée.

Les motos

Les deux-roues motorisés n'ont cessé de se développer au cours des dernières années. Ils n'ont rien d'un moyen de transport individuel. Il n'y a rien d'exceptionnel à voir toute une famille chevaucher l'engin : le père conduit, sa femme est assise derrière lui et les enfants sont répartis par 2, devant et derrière, le tout sans casque ! Les motos-taxis font fureur et entrent en concurrence avec les taxis traditionnels. On peut assister parfois à des échanges musclés entre chauffeurs, notamment à Yaoundé, capitale du pays. Comme pour les enseignes des cars, on croise des « Fend la bise : » « Sans peur et sans reproche » « La vérité finira par triompher » ou encore « Tous pour un et un pour tous ».

Les vélos :

Ce moyen de déplacement fait l'objet de toutes les attentions de leurs heureux propriétaires qui déploient des trésors d'imagination pour les maintenir en état. Ainsi, l'un des remèdes à la crevaison consiste à superposer deux pneus usagés en veillant scrupuleusement à ce que les trous ne soient pas en face l'un de l'autre.Les vieilles chambres à air de roues de voitures sont découpées à la lame de rasoir. Les longues lamelles sont autant de lanières permettant d'attacher les bagages et toutes sortes d'objets. Il m'est arrivé, en saison des pluies, de m'aventurer à vélo et de crever. Imprévoyant, je n'avais vers moi ni rustines, ni colle. Cette situation n'a posé aucun problème aux deux hommes qui m’accompagnaient : ils ont pris de l'herbe, l'ont bourrée dans le pneu et ont ficelé le tout avec les  fameuses « lanières ». Le tour était joué ! Beau clin d’œil à ceux qui ont connu les pneus pleins durant la guerre 39/45.

V Ê T E M E N T S  : L' U N I F O R M E   E S T   R E V E N D I Q U É !

A l'inverse des Français qui recherchent une singularité par le vêtement, les habitants du Nord Cameroun plébiscitent l'uniforme. Ainsi, pour les fêtes chrétiennes,les femmes d'une même ethnie aiment se rassembler en ville avec des pagnes semblables. Les membres des chorales choisissent également des pagnes avec les mêmes dessins. C'est aussi le cas pour les membres d'une « tontine » (groupement de femmes se réunissant pour mettre de l'argent dans une caisse d'épargne commune), qui se retrouvent en réunion. Quant aux motifs, ils peuvent être très drôles, surtout lorsqu'ils sont mis en valeur sur des femmes bien en chair, « à la fois culinaires et poitrinaires », pour reprendre une expression locale. Des femmes de fonctionnaires ou de riches commerçants arborent ainsi des tissus portant l'inscription « Mon mari est capable » Les présidents du Cameroun et des pays voisins ont eu droit à leur portrait. Le pape Jean Paul II a connu quant à lui un franc succès : on le voyait sur le postérieur de ces dames catholiques, pour ... l'honorer !.

E N   B R E F, Q U E L Q U E S    S I N G U L A R I T É S...

Cette publicité vue sur le panneau de l'échoppe d'un coiffeur à Yaoundé : « Coiffeur tout sexe ». Tout est donc prévu ! Au marché, les jeunes aiment se promener avec des lunettes de soleil qui conservent l'étiquette sur le verre. D'autre portent « des lunettes spéciales pour vue normale ». N'a-t-on pas vu cela en France, chez des gens qui voulaient se donner des allures « d'intellectuel » ? Au restaurant, ne vous fatiguez pas à choisir les menus. Sous des appellations différentes, vous partagerez probablement le même repas !

Luc Athimon Mai 2015 N.D. de LUMIERES

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8 février 2015 7 08 /02 /février /2015 17:51

CE QUI PEUT AIDER A VIVRE, DANS LA SOUFFRANCE

7.02.15 : Dans l'expérience de la souffrance, grandir : L'expérience des autres, qui nous ont précédés, peut nous aider, nous initier pour entrer, vivre et "grandir" "humainement" dans la souffrance.

Ils disent en effet ce qu'ils y ont découvert :

1) Certains ont constaté combien ils étaient fragiles et capables de découragement, alors qu'ils se croyaient si forts.

2) D'autres ont été touchés de constater, à cette occasion, qu'ils avaient de nombreux amis (qui sont venus les visiter ou ont téléphoné ...). Et ils ont constaté qu'eux-mêmes étaient touchés, réconfortés par la manifestation de leur amitié. Et même certains sont allés plus loin, jusqu'à revoir toute leur vie et à constater qu'ils étaient tout orientés vers l'engagement, mais que l'attitude d'accueil était trop réduite de sa proximité avec nousen eux ...

3) D'autres ont pris du recul et réapprécié combien la santé, la vie étaient précieuses.

4) D'autres ont pris du recul, remettant en cause leur manière de vivre précédente.

5) D'autres ont été sensibilisés aux autres malades, alors qu'auparavant, ils y étaient indifférents

6) D'autres ont découvert en eux des capacités d'endurance qu'ils ne soupçonnaient pas

7) D'autres, à cette occasion ont découvert leur capacité d'invention pour se sortir de la souffrance.

8) D'autres ont eu envie de prier, ce qu'ils n'avaient pas fait depuis longtemps et pas avec une telle profondeur  

On peut aussi apprendre à vivre "spirituellement" la souffrance, en voyant tout simplement ces découvertes comme "des signes" que Dieu nous fait de sa présence à nos côtés.

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28 janvier 2015 3 28 /01 /janvier /2015 11:58

~~Recension "LE ROYAUME" de Emmanuel Carrère

J'ai été déçu, car j'attendais autre chose.

En fait, tout le tapage médiatique fait alentour du livre a nui à ma lecture : j'attendais trop de ce livre ! J'attendais une étude fouillée, honnête d'un homme en recherche.

En fait j'ai été gêné dès le début du livre. L'auteur s'étale trop longuement et, un peu, avec complaisance sur lui-même, son état dépressif, sa complexité ... et ça dure. Il parle de ses relations, leur influence sur lui ... de son passé... Il s'analyse beaucoup. C'est lourd ! Il a cependant des éclairs de lucidité !

Puis on aborde (page 145) St Paul ! En lisant les critiques, j'ai constaté que les gens sont impressionnés par son savoir. Je pense qu'il y a bien d'autres livres sur le sujet, beaucoup plus fouillés et intéressants, mais peut-être moins accessibles, car il est vrai que ce livre se lit très bien. Sa connaissance de Flavius Joseph, des Romains nous apprend bien des choses. Je dirai que, an niveau exégètique, son étude dépasse un peu le niveau de savoir d'un prêtre ordinaire, pas plus ...

Il fait des rapprochement "osés" avec des personnages modernes, fait des comparaisons parfois assez farfelues et très imaginatives pour "inventer" des portraits comme Paul ou Luc. Nombreuses hypothèses hasardeuses. Il donne des conclusions plutôt "suffisantes".

Avec cela on peut remarquer une propension à des fantasmes sexuels qu'il prête à n'importe quel homme ordinaire.

Il est sincère, semble-t-il, se sait intelligent mais reconnaît facilement ses défauts, quelquefois sa suffisance. Il se trouve même interrogé, dit-il par certaines paroles de Jésus, dont celle-ci "Je te rends grâce, Père, d'avoir caché ces mystères aux sages et aux savants et de les avoir révélés aux petits.", mais il en reste là !

A la page 485, j'ai trouvé où se situait le propos d'Emmanuel Carrère. Il le dit lui-même, quand, à propos d'un dominicain exégète "inventant" toute une portion de vie à St Paul après ce qu'en disent les Actes, il omet de dire honnêtement qu'il n'en sait rien. Carrère écrit ceci : "Si je suis libre d'inventer c'est à la condition de dire que j'invente, en marquant aussi scrupuleusement que Renan les degrés du certain, du probable, du possible et, juste avant le carrément exclu, du pas impossible, territoire où se déploie une grande partie de ce livre." Le "pas impossible" voilà donc le territoire où se déploie une grande partie du livre d'Emmanuel Carrère !

Maintenant je comprends la raison de ma déception : il y a eu un malentendu. J'ai cherché dans ce livre ce que n'avait pas l'intention de donner l'auteur ! Je cherchais un livre où on trouve des choses sûres, solides, pas un livre où la recherche de vérité est mélangée à l'imagination (le "pas impossible" quitte à se diriger vers la fantaisie)

Par ailleurs, si, comme moi, vous cherchez autre chose, permettez-moi, de vous recommander un livre de base, sachant bien faire les distinctions entre ce qui est certain, probable, possible, exclu...

"Que sait-on du Nouveau Testament ?" de Raymon E. Brown aux éditions Bayard. Livre savant certes, mais de référence !

Ou alors le livre de Daniel Marguerat "L'aube du christianisme" ou encore le petit livret bien accessible sur "Paul de Tarse" de Daniel Marguerat.

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26 janvier 2015 1 26 /01 /janvier /2015 16:54

Vous avez dit blasphème ?

(voir Bloc-Notes de Jean-Claude Guillebaud dans "La Vie" du 22 janvier 2015

On prête à Richard Malka, I'avocat de Charlie Hebdo, une réflexion tragicomique. Celle-ci : "Le droit au blasphème est sacré. " Sans Ie vouloir, l'avocat mettait Ie doigt sur l'ambiguÏté qui menace rétrospectivement cette magnifique mobilisation du 11 janvier. Fut offerte à la France, épouvantée par Ia barbarie des tueurs, l'occasion de se retrouver, avec elle-même, puis avec Ie monde. Ce fut un grand moment à n'en pas douter. II n'empêche que, faisant cela, nous avons concouru à sacraliser Charlie Hebdo,voire à le sanctifier. Plusieurs hommes politiques n'ont-ils pas désigné Ies victimes des terroristes comme des.. "martyrs" ? L'équipe de Charlie Hebdo entrait ainsi dans la sphère du Sacré, au sens majuscule du terme : "Qui appartient à un domaine séparé, interdit et inviolable."    Il devenait par conséquent blasphématoire d'émettre la moindre critique à l'endroit d'un Charlie devenu icône. Bien rares furent les médias qui acceptèrent de relayer une seule critique, fût-elle raisonnable, à l'endroit de l'hebdo satirique. Or, paradoxalement, le "droit au blasphème"  était et reste une revendication fondatrice de ce journal. Alors ?

De fait, ceux qui proclamaient "Je suis Charlie" (j'en étais) oublièrent d'ajouter que, pour autant, ils n'appréciaient pas vraiment l'agressivité de ces dessins, pour ne pas dire pire,(j'en étais aussi). Le sacré laïc qui enveloppait dorénavant le journal soustrayait à la critique, y compris amicale, ceux-là même qui avaient fait de I'insolence sans limite un dogme. Certains des survivants, comme Luz, s'émurent avec lucidité de ce "contresens » (ce furent ses propres mots), mais ne furent guère entendus. La seule vraie charge fut exprimée par I'un des fondateurs de l'aventure de Hara-Kiri, lancée par Cavanna en 1960 : Delfeil de Ton, lui-même intouchable. Dans l'Obs du r5 janvier, il n'hésita pas à écrire que Charb, de provocation en provocation - contre l'avis de Wolinski - avait « entraîné l'équipe dans la surenchère ". Charb, ajouta -t-il, " préférait mourir » quand d'autres " préféraient vivre ".

Pourquoi nous, chrétiens, sommes-nous très concernés par cette question du blasphème ? Parce que Ie christianisme des origines fut en lui-même  une transgression de la Loi. Pire : des auteurs comme Marcel Gauchet ou René Girard ont bien montré que le christianisme avait " désacralisé » peu à peu Ie religieux archaïque. C'est en cela qu'il fut l'un des fondements de notre modernité. Je m'autorisais parfois de mon amitié avec Cabu pour lui parler de ces chrétiens des premiers siècles, objecteurs de conscience, pacifistes et capables eux aussi d'une irrévérence trompe-la-mort. Ne refusaient-ils pas de célébrer Ie culte païen de I'empereur ? Pour cette irrévérence blasphématoire (l'empereur était considéré comme un dieu), ils ne furent point mitraillés à la kalachnikov mais livrés aux lions. IIs étaient "Charlie"» avant Ia lettre.

Les caricaturistes survivants, comme les chrétiens que nous sommes devenus, devraient se méfier conjointement d'un retour du sacré. Soutenir lucidement Ie nouvel hebdo sacralisé, c'est - aussi - Ie critiquer quand cela le mérite, quitte à blasphémer en prenant au mot sa vulgate.

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15 janvier 2015 4 15 /01 /janvier /2015 16:20

REFLEXION « CHARLIE HEBDO »

 

Voici quelques échos de ma participation à la manifestation à GOULT, le dimanche 11 décembre 2015, en protestation contre la violence manifestée à Charlie-Hebdo, pour marquer l'attachement à la tolérance au respect de la liberté et pour la fraternité.

Oui à ce moment important où les gens réagissaient, dans un sens positif, je désirais moi aussi « participer », me mêler aux autres, vivre un moment de fraternité concrètement.

Le maire avait envoyé une invitation à cette démarche. On se rassembla devant la mairie. A l'heure dite (15h.) le maire dit un petit mot, on nous remit une petite affiche : « Je suis Charlie » et nous voici partis pour une marche dans le bourg, se côtoyant tous, se touchant parfois, se faisant des signes d'amitié entre personnes connues. Nous y avons vu des gens très divers. C'était une ambiance détendue, paisible, heureuse, souriante, chaleureuse. La fin de la marche s'est terminée devant le monument aux morts. Là le maire a fait un discours sur l'importance de nos valeurs défendues, pour le vivre-ensemble. Puis une femme a donné son témoignage personnel pour nous dire les motifs de sa présence, nous avons chanté la Marseille, un conseiller est allé porter une gerbe de fleurs sur le monument aux morts. Et nous nous sommes séparés, heureux de ce moment passé ensemble.

 

 J'ai apprécié, comme les autres, de voir à la télé : • les impressionnantes manifestations, surtout à Paris, mais aussi dans les grandes villes de France, à l'étranger,

• La présentation du défilé des autorités politiques se tenant par le bras.

• Les témoignages de désir du respect de la liberté, de fraternité,

. les musulmans disant qu'ils aiment la France, que c'est leur pays, disant aussi leur souffrance de l'amalgame qui est trop souvent fait entre l'Islam et la violence, entre les musulmans et les terroristes

• Le président de la République, son 1° ministre, le ministre de l'intérieur, la police et la gendarmerie, tous à la hauteur de l’événement.

• Le merci aux policiers

Une fausse note cependant : Marie-Le Pen et l'attitude vis à vis d'elle.

Comme chrétien, j'ai été heureux de voir que les chrétiens ne se tenait pas à l'écart. Participation des autorités religieuses se retrouvant avec leurs collègues, leur message unanime ! Egalement aux messes du dimanche, des prières étaient adressées au Seigneur à ce sujet.

Essai de recul : Ce fut un moment d'émotion important ! À ne pas minimiser par les « intellectuels » … Et on voit ce qu'un tel mouvement est capable de produire pour le vivre-ensemble : confiance en soi, confiance dans les autres. Ce mouvement apparaît comme une réaction saine à la « sinistrose » qui a envahi le pays toute l'année passée. Peut-être est-ce un prélude à ce que pourrait être cette année 2015, puisque, comme l'a annoncé le Président de la République, et le laisse espérer la prochaine encyclique du pape François et la conférence mondiale sur l'environnement à Paris, on semble s'orienter vers une réflexion, non plus seulement sur les droits individuels, mais collectifs, donc sur le bien commun (on peut rêver)

Par ailleurs, nous pouvons constater ceci : si un adversaire bien défini est proposé, comme ce fut le cas ici, nous pouvons nous retrouver très nombreux, unis contre ! Unis entre des millions de personnes pour qui la tolérance, le respect de la liberté est une valeur fondamentale. Ce fut une prise de conscience du pays tout entier, de la force, de la joie, de la paix que cela donne quand, invités par les responsables du pays, on répond spontanément « en citoyen » à ce qui nous tient à cœur. Que ne le faisons-nous pas plus souvent , N'est-ce pas parce que jusqu'ici, nous n'y croyions pas !

Après coup, les « mauvais coucheurs », parmi lesquels on trouve des politiques ou des gens dont le métier est de minimiser l'importance de l'émotion au profit de l'analyse intellectuelle, des courants de pensée diront : oui, mais … c'était un feu de paille, tout le monde n'était pas d'accord, certes ce n'était pas l'unanimité, pourtant ne réduisons pas l'ampleur, la réalité et l'impact de ce qui a eu lieu. Les distinctions entre les motifs, les désaccords sont à prendre en considération, mais la découverte nouvelle de cette force n'est pas à dédaigner. Il s'agit donc de chercher comment, à l'avenir, entretenir « cette flamme », comment renouveler ce moment fort. Oui l'attention au bien commun, aux valeurs qui nous rassemblent sont au-dessus de ce qui nous différencie. Le succès des initiatives prises ces dernières années avec la « fête des voisins » sont une illustration de cette « force souterraine » de bonne volonté qui nous habite ! ------------

Autre réflexion à ajouter sur la nécessité de ne pas séparer liberté de fraternité: Il y a chez St Paul des textes qui donnent à réfléchir (en 1 Cor.8,1-18 surtout 9 et en Rom 14,15) C'est à propos du respect de la conscience des autres, dans des repas communs où des viandes sacrifiées aux idoles sont présentées. Certains, « faibles » peuvent être choqués par la liberté que prennent des gens « forts »s qui ont la connaissance, sont de niveau de formation différent. Paul, au nom de la fraternité, du respect de ces gens demande de ne pas user de cette liberté pour ne pas « scandaliser » ces faibles.

Ainsi, sans rien retirer au positif de la manifestation, je me permets de dire que je n'étais pas d'accord avec "Charlie-Hebdo" et ses supporters. En effet la liberté d'expression est un trésor précieux, mais pas un absolu. Déjà on reconnaît facilement que la liberté des uns doit être limitée par la liberté des autres, mais cela ne suffit pas ! Nous savons que la violence "verbale" existe et elle peut bien fort blesser les gens. Et ne constate-t-on pas qu'elle provoque en réponse une autre violence, celle-là sans mesure, ni limite. On ne peut pas justifier cette réponse, mais on ne peut pas non plus l'ignorer. Si, ce qui est visé, dans la société c'est le "vivre-ensemble", cela veut dire qu'il faut faire attention à ne pas choquer les autres. Là on fait appel à la fraternité. Guillebaud Jean-Claude dénonce, avec raison, dans les medias, la propension à se moquer de tout avec suffisance. En clair, il ne suffit pas, pour vivre-ensemble" de respecter la liberté des autres, mais aussi d'éviter ce qui nuit à la fraternité !

Autre réflexion sur la Rencontre du monde musulman avec le monde moderne ! Elle est difficile ! Et il y a une grande responsabilité des "intellectuels musulmans", qui apprécient les valeurs modernes, et réfléchissent sur leur religion à prendre en charge leurs frères, pour une vraie formation comportant : + une ouverture aux valeurs modernes + au pluralisme + avec une remise en cause de la méthode "fondamentalisme", littérale, d'approche de leurs sources qui ne préparent pas, sont même un obstacle au « vivre ensemble » du monde actuel ! En effet, il leur faut prendre en compte le recul de l'histoire, le fait qu'ils vivent dans un autre contexte de vie que celui du Prophète Mahomet, qu'aujourd'hui il y a des exigences (de tolérance) du vivre-ensemble au milieu de non-musulmans. Ce sont ces gens "éclairés" qui pourrons, de l'intérieur, faire avancer les choses (mentalités et comportements)

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